à destination de la Task Force Clozapine
Mesdames et messieurs les docteur·es et professeur·ses,
Nous avons pris connaissance de votre communiqué quant aux demandes de modifications des modalités de prescription et de surveillance hématologique de la Clozapine (https://www.cmg.fr/wp-content/uploads/2024/07/Communique-Task-Force-Clozapine_VF_20240704.pdf). C'est avec regret que nous constatons qu'aucun·e officinal·e n'a participé à votre groupe d'expertise.
Commençons par nous présenter. Nous sommes des pharmaciennes et des pharmaciens d'officine salarié·es et titulaires, des préparateurices ainsi que des étudiant·es impliqué·es dans le bon usage du médicament, la pharmacie clinique et le respect des bonnes pratiques de dispensation au sein d'une communauté informelle du nom de la Communauté de l'IP (IP pour intervention pharmaceutique). De fait, nous nous sentons concerné·es par vos propositions visant à améliorer l'accès à la Clozapine aux patient·es pour lequel·les l'emploi de ce médicament est justifié.
Nous sommes bien conscient·es des enjeux liés aux risques d'agranulocytose notamment lors de l'instauration de la Clozapine comme votre communiqué le rappelle, mais aussi lors des interruptions puis reprises du traitement. Pour autant de nombreux·ses pharmacien·nes d'officine sont confronté·es au non respect des règles de prescription de la Clozapine.
Effectivement, il nous arrive de façon régulière de faire face à des ordonnances de Clozapine qui ne respectent pas les conditions de prescription telles que définies dans le Résumé des Caractéristiques du Produit. Voici des exemples que nous pouvons observer au comptoir :
Ces situations entraînent des difficultés à la fois pour les pharmacien·nes, mais aussi pour les patient·es ou leur entourage. Cela peut nous conduire, lorsque le travail officinal est effectué correctement, à des appels aux prescripteurices ne permettant pas toujours de régler le ou les problèmes identifiés.
En cas de refus ou d'impossibilité (principalement lorsque les prescripteurices sont injoignables) de fournir une ordonnance respectant les règles de prescription, nous pouvons être contraint·es - dans l'intérêt du·de la patient·e - à transiger avec ces règles pour permettre l'accès au traitement, éviter des retards de prises en soins ou éviter une interruption brutale, tout en respectant des conditions de sécurité optimale (par exemple : mise en place des NFS hebdomadaires avec le ou la médecin traitant et délivrance sur la base d'une ordonnance normalement non recevable) pour ne pas avoir à refuser la délivrance.
Dans les pires situations, nous pouvons être amené·es à refuser la délivrance, ce qui est extrêmement délétère pour les patient·es.
Dans tous les cas, notre responsabilité est engagée, tout autant que la santé du·de la patient·e, ce qui nous met dans des situations déontologiques, éthiques ou légales délicates voire préjudiciables.
Nous abondons donc dans le sens de vos propositions de modifications des conditions de prescription et surveillance hématologique de la Clozapine. De la même façon que vous évoquez les délégations de tâches, notamment aux IPA, rendant paradoxale l'impossibilité pour les médecins généralistes de renouveler ces prescriptions, nous nous étonnons que la place des pharmacien·nes d'officine, pourtant la dernière barrière de protection pour la sécurité des patient·es, mais aussi le premier recours des patient·es en cas de difficulté d'accès à des prescripteurices, ne soit pas questionnée. Leur implication sur des tâches définies a déjà permis de démontrer une amélioration de la qualité des soins et de leur accès. Nous pensons notamment au cas québecois où les pharmacien·nes ont la possibilité de contrôler des bilans biologiques et d'en prescrire pour le suivi de certains traitements. C'est face à ces constats que nous souhaitons vous suggérer d'ajouter à vos propositions :